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« Après que d’épines on eût couronné sa tête, après qu’on l’eût fouetté jusqu’à la honte, avec d’amers sarcasmes on le conduisit jusqu’à l’endroit de son supplice. Des milliers d’âmes, échelonnées sur la route, l’attendaient au passage. Et cependant, du sein de cette multitude, personne n’eut le courage d’élever la voix pour prendre sa défense.

« Jeunes et vieux le comblaient d’injures, alors qu’il accomplissait son pèlerinage. Et, partout sur son passage, l’accueillaient les railleries grossières. Lui-même portait sa propre croix. Le poids en était si lourd que, plus d’une fois, il fut sur le point de s’évanouir, et de son visage tombaient des grumeaux de sang et des gouttes de sueur.

« Harassé, il voulut s’arrêter et soulager son âme meurtrie, en se reposant un instant sur un banc de pierre. Mais un misérable s’y opposa brutalement en lui disant : Va-t’en, toi, Roi des Juifs. Va-t’en, le lieu de ton supplice est proche ; d’ici tu peux le voir !

« Et, en parlant ainsi, il le congédia brusquement. Et c’est alors que le Sauveur répondit : Moi, je vais au repos mais toi tu veilleras, tu marcheras toujours !

« Et le savetier maudit, pour avoir de la sorte maltraité Jésus-Christ, se vit obligé d’abandonner sa femme, ses enfants, son logis, et de se mettre tout aussitôt en route.

« Dès qu’il eut vu le sang répandu par le Christ, dès qu’il eut vu le corps cloué sur la croix, il s’enfuit en toute hâte, et se mit à errer, de par le monde, comme un vil renégat.

« Nulle part il ne put trouver ni un lieu de repos pour sa conscience, ni un lieu de refuge pour son cœur, ni un