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« Et comme Dieu m’a condamné à marcher toujours, je me suis trouvé souvent au milieu de grandes armées : canons, fusils, épées, sabres, lances, flèches, rien ne peut me donner la mort !

« Je me suis trouvé sur des navires qui naufrageaient : tout était perdu, corps et biens ; mais moi, Boudedeo, je m’en tirais toujours sans mal. Il faut que les paroles de Dieu s’accomplissent.

« Il m’a condamné à rester le dernier dans ce monde. Comprenez, chrétiens, ma douleur et la grandeur de cette punition ! Mes tourments ne finiront que le jour où Dieu viendra juger les vivants et les morts !

« J’ai toujours dans ma poche la somme de cinq sous. Jamais aucune maladie ne m’atteint ; j’ai passé dans les pays ravagés par la peste, et le fléau m’a toujours épargné.

« Par la volonté du Dieu que j’ai offensé, ma chaussure ni mes habits ne s’usent jamais : quatre fois déjà j’ai parcouru le monde entier, et partout j’ai vu de grands changements.

« Je commence ma cinquième tournée. La faim ni le sommeil ne m’inquiètent pas. J’ai vu des pays entièrement ruinés et déserts, et nombre de villes détruites par le feu du ciel.

« Je n’ai guère le temps de m’arrêter pour en dire plus long, car je crois être sur des charbons ardents : non, il n’y a que Dieu qui puisse dire les tourments que j’endure quand je m’arrête !

« Quel malheur pour moi d’avoir chassé brutalement de devant ma porte notre Sauveur, quand il marchait à la