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Que les philosophes, les poètes, les romanciers, les érudits, les dramaturges, les peintres tirent de la légende d’Ahasvérus des symboles, des drames, des romans, des poèmes et des tableaux ; qu’on entasse recherches sur recherches, livres sur livres, toutes ces manifestations seront inutiles, si l’allégorie de la charité ne ressort pas de l’œuvre.

Un modeste imagier de Wissembourg, après tant de fatras, de commentaires, d’équivoques sur ce personnage fantastique, a donné la véritable version.

Le peuple fait quelquefois de ces heureuses trouvailles.

Une question a traversé l’esprit du pauvre imagier se révoltant contre le châtiment éternel du Juif-Errant.

Que faisait Ahasvérus de ses inépuisables cinq sous ?

Dans un cartouche au bas de l’estampe, un pauvre tend son chapeau au Juif qui passe. Et le vagabond laisse tomber ses cinq sous dans le feutre du pauvre !

Touchante conclusion qu’avait indiquée Béranger dans son poème :

Plus d’un pauvre vient implorer
Le denier que je puis répandre,
Qui n’a pas le temps de serrer
La main qu’au passant j’aime à tendre.