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Une des plus baroques images sous le rapport du costume est celle imprimée vers 1816, chez Desfeuilles, graveur, à Nancy. Le Juif-Errant est enveloppé d’une houppelande garnie de fourrures, coiffé d’un vieux feutre à larges bords, et chaussé de bottes dans lesquelles se perd son pantalon. Un singulier principe de coloration a présidé à l’embellissement de l’estampe. Deux tons seuls, le jaune vif et le violet, formaient sans doute la palette de l’artiste. Le pantalon du Juif est jaune, la houppelande violette, les mains jaunes et les fourrures jaunes. Deux palmiers, placés comme des chandeliers à côté d’Ahasvérus, sont traités avec la même simplicité : troncs violets, feuillage jaune.

Le dessin gagne comme le vin en bouteille. Est-ce parce qu’elle date de cinquante ans que cette image m’intéresse ? Je ne le crois pas. Un sentiment particulier circulait alors dans les provinces qui n’avait aucune parenté avec l’art de la capitale. Aujourd’hui, un imagier d’Épinal a vu les lithographies de Gavarni ; je laisse à penser quelle singulière élégance ses crayons traduisent.

Vers 1842, un dessinateur de la Lorraine crut devoir habiller Ahasvérus en bandit avec plume au chapeau, en faisant une sorte de variante de Fra-Diavolo.

La naïveté est envolée. Les mélodrames de l’Ambigu trouvent un écho dans les villages des Vosges ; et, jusque dans les images à deux sous, les successeurs de Pellerin, d’Épinal, emploient l’or, ô désas-