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pelotons de quatre soldats, divisés en deux groupes, symbole de deux armées en présence. De chaque côté les fusils sont braqués sur sa personne ; à ses pieds gît un homme mort, victime de ces décharges effroyables. Seul, Ahasvérus reste impassible, défiant le feu des hommes, comme il a défié celui de la foudre et des volcans.

Paris, Rennes, Orléans, Metz, Nancy, Montbéliard, Épinal, ont gravé Isaac Laquedem, et ce n’est pas sans peine que j’ai pu recueillir ces diverses représentations du Juif-Errant à seule fin de montrer les singularités de costume dont l’a doué le peuple.

De grandes chausses il porte à la marine,
Et une jupe comme à la florentine,
Un manteau long iusqu’en terre traînant ;
Comme un autre homme il est au demeurant.

Quelques images d’Épinal ont d’abord suivi d’assez près ce texte ; mais l’esprit moderne a soufflé qui enlève tout caractère au vêtement traditionnel, et je signale à l’indignation publique le procédé suivant des imprimeurs de Montbéliard : pour rajeunir un Juif-Errant coiffé, en 1828, d’un chapeau à cornes, ils ont remplacé, en 1829, ce chapeau par une sorte de gâteau de Savoie, avec bordure en fourrures[1].

  1. M. Nisard (Hist. des livres populaires, t. I, p. 404) cite une brochure imprimée par Buffet, à Charmes, qui « a cru devoir donner au Juif-Errant une espèce de manteau à la Talma, et une chevelure en oreilles de chien. »