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coup d’œil de mépris, les archéologues de la Normandie l’ont conservée religieusement, et on ne saurait trop les en louer.

Toutefois ce monument xylographique n’aurait rien de particulier, si un tel sujet ne montrait comment le peuple normand entendait la légende[1].

Le drame est divisé en quatre parties, à la manière des anciennes estampes. Le premier tableau montre Ahasvérus sortant de son échoppe de cordonnier pour voir passer Jésus marchant au supplice. Le Juif tient à la main le marteau de sa profession ; un grand tablier de cuir va de la poitrine à mijambes. Sans pitié, l’homme insulte le Christ ; à la fenêtre du premier étage, une femme regarde d’un air contrit le malheureux succombant sous le fardeau de la croix, qui monte au Calvaire escorté par des soldats.

La seconde division de la planche représente le Christ crucifié entre les deux larrons ; nul personnage n’assiste à ce drame.

  1. Je dis le « peuple normand, » le bois provenant, suivant toute probabilité, des fabriques de Caen, où jadis Imagerie et Bibliothèque Bleve se prêtaient un mutuel appui. Nulle légende n’accompagne l’image, le bois vermoulu est tombé en poussière à l’endroit où se trouve habituellement le nom de l’imprimeur. J’ai particulièrement à remercier de son obligeance M. Charma, doyen de la Faculté des lettres de Caen, et vice-président de la Société des Antiquaires de Normandie, qui m’a communiqué la planche ancienne du Juif-Errant dont M. Le Blanc-Hardel, imprimeur, a bien voulu me tirer une épreuve.