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Il est une planche ancienne qu’on a imprimée jusqu’à la fin de la Restauration, chez Bonnet, rue Saint-Jacques.

Les premiers tailleurs en bois n’ont pas produit d’œuvre plus naïve. Ainsi que chez les maîtres allemands primitifs, le sujet est divisé en trois compartiments contenant le portrait du Juif et deux actions, où se déroulent les principales faces du drame.

Le Juif-Errant, les pieds chaussés de sandales, marche à travers les déserts. Le prologue du drame dans lequel il est mêlé se déroule dans un premier compartiment où Jésus, tombé sous le poids de sa croix, recueille les dures paroles du cordonnier, tandis que, dans le second, on voit des bourgeois en habit Louis XV, s’entretenant avec Ahasvérus. Cette estampe je la reproduis au frontispice dans l’intérêt des iconophiles, car il n’existe à Paris aucun autre monument ancien peint ou gravé ayant trait au Juif-Errant[1].

On voit au musée de la Société des Antiquaires de Caen un bois vermoulu, piqué de trous de vers, d’où s’échappe une poussière jaunâtre, semblable à celle qui gît au fond du tronc des vieux saules.

Cette gravure, d’une extrême barbarie, sur les tailles de laquelle les « connaisseurs » jetteront un

  1. Le cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale ne possède pas cette précieuse image, qui doit être contemporaine de la complainte.