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comme on priait au seizième siècle. Une foi vive et ardente anime ce peuple. Il croit à la légende primitive.

Un cordonnier a insulté le Christ portant sa croix.

— Tu marcheras sans cesse, lui dit le Christ.

Marcher sans cesse ! Ce châtiment n’a pas paru assez terrible aux Flamands. Il faut que le Juif soit puni par la perte de son enfant ! Telle est la portée de cette image, la seule qui contienne ce détail domestique. Toutes les estampes populaires montrent le Juif seul. Les Flamands l’ont châtié plus cruellement en le dotant d’une famille. Ahasvérus marchera sans cesse, poursuivi par le souvenir de sa femme. Sans cesse il marchera, se rappelant son nouveau-né. Chaque ménagère, chaque enfant qu’il rencontrera dans ses voyages lui rappelleront avec amertume le souvenir du foyer.

Voilà ce que je lis dans ce burin primitif, que je préfère à beaucoup d’œuvres purement artistiques ; si pauvre que soit l’exécution de l’estampe, elle fait penser.