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Cette libéralité, tant singulière soit-elle de nos jours[1], n’indiquerait-elle pas que le comte de Savoie était particulièrement dévoué a saint André, et n’apporterait-elle pas un nouvel appui à la tradition qui le proclame fondateur de la chapelle placée sous le vocable de ce saint ?

Le style de l’édifice, la tradition et la charte seraient ainsi en parfaite concordance.

Nous ne croyons point que cette chapelle ait jamais été l’église conventuelle. Antérieurement à son érection, il existait un autre oratoire, où étaient venus s’agenouiller les premiers moines d’Hautecombe, et que saint Bernard, d’après la tradition, aurait rendu mémorable en y célébrant le saint sacrifice. Plus tard, cet oratoire fut agrandi et transformé en une vaste église abbatiale, proportionnée à l’augmentation considérable de la communauté.

Cette prospérité d’Hautecombe fut si rapide que — toujours d’après la tradition que nous croyons devoir rapporter quand elle présente des caractères de probabilité et que les documents nous font défaut — saint Bernard, surpris de cet accroissement, aurait prononcé ces paroles fatidiques : « Alta Comba, nimis alta cades, Hautecombe, tu es trop prospère, le jour de ta chute arrivera. »

L’église abbatiale avait, dès son origine, à peu près la même forme et la même grandeur qu’aujourd’hui. Nous savons, en effet, que Boniface, archevêque de Cantorbéry, fut inhumé, en 1270, à l’extrémité de l’église, du côté de l’est : et son tombeau actuel, relevé sur l’emplacement de l’ancien, est encore à l’extrémité du chevet du même côté. La magnifique fenêtre gothique, qui était percée au-des-

  1. Voir Notes additionnelles, n° 4.