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toutes les qualités pour accomplir une glorieuse carrière dans le monde. Malgré ces avantages et sa puissance, il voulut suivre la vie humble et pénitente des nouveaux disciples de saint Benoit.

Dans le Dauphiné même, venait de s’élever, par les soins de Gui de Bourgogne, archevêque de Vienne, l’abbaye de Bonnevaux[1], de l’ordre de Cîteaux. Deux ans après. en 1119, le seigneur d’Hauterive s’y présenta avec son fils et seize chevaliers, entraînés par son exemple. Tous furent admis comme novices, à l’exception du jeune Amédée, qui n’avait encore que neuf ans. On le garda cependant dans le couvent pour l’appliquer à l’étude des lettres. L’année suivante, Amédée le père et ses compagnons, ayant terminé leur noviciat. prononcèrent leurs vœux définitifs. Mais, en 1121, Amédée, voyant que l’instruction de son fils n’était point assez soignée dans ce monastère naissant, quitta Bonnevaux pour aller avec lui à Cluny, dont la règle donnait plus de place à l’étude des lettres. Il y fut reçu avec la plus grande déférence.

Le but poursuivi par le seigneur d’Hauterive ne fut point atteint dans cette nouvelle résidence ; car, peu de jours après, le jeune Amédée fut appelé à la cour de l’empereur d’Allemagne. Henri V reçut son jeune parent avec bienveillance, lui donna les maîtres les plus renommés et l’entoura d’une sollicitude paternelle. Rassuré sur l’éducation de son enfant, Amédée rentra la même année à Bonnevaux.

Il n’était point cependant sans inquiétude. La pensée de son fils, jeté jeune encore au milieu de l’éclat et des dan-

  1. Fondée en 1117. — D’après Moréry, ce Gui était fils du duc de Bourgogne, Guillaume le Grand, et fut élu pape à Cluny, en 1117, sous le nom de Calixte II. Dictionnaire historique, édition de 1699.)