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Sous la prélature de ces deux abbés, le cloître d’Hautecombe continua de s’ouvrir fréquemment pour recevoir les dépouilles mortelles de la famille de Savoie. Les premières qui vinrent rejoindre celles du comte Philippe Ier furent celles de Béatrix de Savoie, appelée par Guichenon Béatrix comtesson. La volonté trop autoritaire de son père Amédée IV, qui lui avait prescrit d’entrer au couvent de Betton, ne s’harmonisait point avec ses goûts ; elle préféra de bonne heure la couronne d’épouse au voile cistercien. Après la rupture d’un projet d’alliance avec l’infant d’Aragon, elle épousa Pierre Bouvier, sire de Châlons, comme nous l’avons dit précédemment. Devenue veuve sans postérité, elle se serait remariée l’année suivante, suivant Guichenon, à don Manuel, fils puîné de Ferdinand, roi de Castille et de Léon. Sa mort arriva le 22 février 1292, et son corps fut transporté à Hautecombe[1].

L’année suivante, fut inhumée Jeanne de Montfort, seconde femme de Louis Ier sire de Vaud ; et, en 1294, Sybille de Baugé, première femme d’Amédée V, mère d’Édouard et d’Aymon, comtes de Savoie. Par son mariage, cette princesse apporta la riche province de Bresse à la Maison de Savoie qui la garda Jusqu’en 1601, soit pendant 329 ans. Son union avait été célébrée à Chillon en 1272, et, le 11 juillet suivant, elle reçut de son mari le château de Saint-Genix d’Aoste. Morte le 27 mai 1294, elle fut ensevelie à Hautecombe, le 4 juin de la même année, à côté de son dernier fils Jean, qui y avait été inhumé cinq jours auparavant, le 30 mai 1294[2].

Dans son testament, elle fit plusieurs legs aux églises et

  1. Guichenon, Savoie, p. 274 et suiv.
  2. Monum. Hist. patriæ, III, 675. (Cron. abb. Altac.)