Page:Histoire de l'abbaye d'Hautecombe en Savoie.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 88 —

fut chargé d’en publier le récit, ce qu’il fit dans une lettre ou déclaration adressée à tous les fidèles de la chrétienté[1].

Remarquons ici, avec Rohrbacher, que les princes séculiers furent les premiers à implorer le secours de l’Église contre ces hérétiques, et avec beaucoup de raison ; car ces hérétiques ruinaient les fondements de la société humaine en condamnant le mariage, en proscrivant le serment et en se permettant toute espèce de mensonge, en faisant un Dieu auteur du mal et en détruisant la liberté humaine. Aussi, la propriété était abolie pour eux ; et, de fait, il y avait parmi leurs sectaires des bandes armées, qui, de leurs châteaux-forts, couraient dévaster les églises et les campagnes, et contre lesquelles il fallut faire la guerre dans toutes les formes. Les princes et l’Église, en s’unissant pour les combattre, défendaient donc l’existence même de la société humaine.

Le chapitre général des abbés de Cîteaux étant terminé, Henri rejoignit Clairvaux, où le corps de saint Bernard fut déposé en grande pompe dans un mausolée en marbre. Alexandre III l’avait déjà inscrit au nombre des saints et avait ordonné qu’une fête solennelle serait célébrée, dans tout l’univers catholique, le jour de la translation de ses reliques.

Depuis la mort de son fondateur, Clairvaux n’avait pas eu d’abbé dont la renommée eut égalé celle d’Henri. Aussi, en considération de sa personne, le roi d’Angleterre fait jeter sur l’église de ce monastère une magnifique toiture en plomb ; les Toulousains le demandent pour évêque ; Cîteaux le choisit pour son abbé ; mais Henri refuse et reste sur le siège de saint Bernard.

  1. Manrique, III, 61 : Declaratio Henrici, ahbatis Clarœvallis, scripta ad universos Christi fideles.