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L’ENTENTE CORDIALE FRANCO-ANGLAISE

interminables, sanglantes et ruineuses guerres de Louis xiv.

Mais aveuglé par sa passion de la gloire et par la persuasion que le catholicisme était encore assez puissant pour étayer se ambitions, Louis xiv rêvait d’écraser, avec l’Angleterre, le protestantisme dont elle incarnait la forme la plus libérale, et de constituer une Europe continentale catholique dont ill aurait été le chef. C’était un pur rêve. Il le poursuivit pendant un demi-siècle, en ruinant la France été sacrifiant ses sujets par centaines de milliers. Faute suprême, il n’avait pas compris que pour lutter contre la Grande-Bretagne il aurait dû posséder une marine au moins aussi forte que la sienne. Il laissa décliner jusqu’à leur disparition presque complète les flottes et les arsenaux crées par Colbert et se trouva sans moyens d’action le jour où la Grande-Bretagne parvint à coaliser l’Europe entière contre ses prétentions à la dominer.

Les mêmes erreurs et les mêmes fautes, commises par Napoléon Ier, aboutirent aux mêmes résultats. Héritier, en même temps que destructeur, de la Révolution, c’est en son nom qu’il parcourt l’Europe, c’est contre les rois et les empereurs qu’il jette ses armées beaucoup plus que contre les peuples et c’est contre l’Angleterre, où ses fantassins victorieux ne peuvent pénétrer, que se dressent ses colères. Mais il se montre aussi impuissant contre elle que Louis xiv, pour le même motif : il n’a pas compris la nécessité de la marine. Lui aussi succombera, pour avoir voulu dominer l’Europe, sous une coalition de toute l’Europe provoquée par la Grande-Bretagne. Et, comme Louis xiv, il sera abandonné par le peuple qu’il avait grisé de sa gloire militaire.

Guerrier, belliqueux, ami des aventures comme ses ancêtres, le peuple de France avait applaudi aux victoires de Louis xiv et de Napoléon ; il avait dressé aux vainqueurs des arcs de triomphe, il s’était enthou-