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L’ENTENTE CORDIALE FRANCO-ANGLAISE

impossible de le dire. Mais ce qui m’a été affirmé, peu de jours après cet entretien, c’est que dans la pensée et dans les paroles de Guillaume ii, l’alliance avec la France dont il affirmait la nécessité devait être dirigée contre l’Angleterre. Or, à cette même époque, il prodiguait à l’Angleterre, aux Anglais et au roi Édouard les marques les plus vives d’amitié.

§ xiv. – l’angleterre inquiète. les constructions navales. la guerre de 1914

Le ministère radical anglais, de son côté, n’avait pas désespéré d’aboutir à une entente avec l’Empire germanique pour la limitation des constructions navales. Le ministre de la Marine, M. Mac-Kenna, avait-même, sous la présidence de Sir Henry Campbell-Bannermann, réduit si fortement les mises en chantier que l’amirauté anglaise fut obligée de transférer dans la mer du nord une partie de ses navires de la Méditerranée. Il n’est pas inutile d’ajouter que nos constructions suivaient celles de l’Angleterre et qu’aucun cuirassé ne fut mis sur nos chantiers de 1906 à 1910. En Angleterre et en France, les radicaux qui détenaient le pouvoir semblaient ne pas voir que moins les deux grandes nations maritimes étaient actives, plus les nations de la Triple-Alliance germanique le devenaient.

En 1898, le budget naval allemand était de 147 millions ; en 1907, il avait dépassé 347 millions. En 1908, tandis que les chantiers anglais et français réduisaient leur production, l’Allemagne commençait à lancer de grands cuirassés et croiseurs-cuirassés et augmentait son programme naval dans de fortes proportions. La Ligue maritime, devenue très puissante, trouvait encore cela insuffisant.

Le parti conservateur anglais fut le premier à