Page:Histoire de l'Entente cordiale franco-anglais - Lanessan - 1916.djvu/232

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
214
L’ENTENTE CORDIALE FRANCO-ANGLAISE

unes des phrases du discours du ministre de la Justice une critique indirecte des actes de son collègue des Affaire étrangères. M. Trarieux était nettement favorable à l’entente des deux nations et avait fortement contribué au voyage dont il affirmait l’utilité, je dirai volontiers la nécessité, en raison des profonds dissentiments que des politiciens plus jingoïstes que patriote avaient fait naître entre les deux nations.

Un autre discours mérite d’être cité : celui que prononça, au cours de la visite de l’exposition, le président de la Société philomatique, M. Hausser. Les événements qui se sont déroulés depuis cette époque en soulignent la portée. Dans la cité de Londres, il voyait non sans raison « le berceau des libertés et des qualités anglaises » et il ajoutait : « c’est comme une famille agrandie où germèrent, pour la gloire de l’Angleterre, les mâles vertus qui font les grandes nations : la hardiesse de la conception, le sens pratique, l’invariabilité de l’action malgré les changements des hommes, l’indépendance virile, le respect du droit né de l’amour du devoir qui se résument en un seul mot : la volonté. C’est parce que notre ville renferme des hommes amoureux du même idéal que nous avons tenté cette œuvre avec le concours de toutes les bonnes volontés. » Faisant ensuite allusion aux entreprises coloniales de la France et de l’Angleterre, il indiquait discrètement la nécessité de les envisager non comme des sources de discorde entre les deux nations, mais comme un but commun de progrès humain dont toutes les deux doivent tirer une égale gloire et des avantages équivalents. « La terre s’ouvre à nous, disait-il, puissent l’Angleterre et la France marcher toujours côte à côte et rester unies dans cette œuvre de la colonisation surtout, qui sera la gloire du xxe siècle. Quelle mission plus noble et plus digne de notre nation et de la vôtre que celle qui consiste à faire passer tant de peuples