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L’ENTENTE CORDIALE FRANCO-ANGLAISE

française avait demandé des explications sur ces divers points. Il fut, comme l’avaient été tous ses prédécesseurs, vivement applaudi. Ni le gouvernement ni le parlement ne se doutaient alors de la gravité du conflit que tous ces inutiles discours préparaient en échauffant les esprits.

Malgré l’opposition du gouvernement français, la commission de la dette vota l’autorisation demandée par l’Angleterre. Les représentants de la France et de la Russie, prétendant que pour une question aussi grave l’unanimité des commissaires était indispensable, refusèrent de sanctionner la décision prise. Les créanciers, de leur côté, intentèrent à la commission un procès qu’ils gagnèrent. La Grande-Bretagne prit alors tous les frais de l’expédition à sa charge. On n’avait pas prévu qu’elle se créait ainsi un titre nouveau au protectorat de l’Égypte.

Le 22 septembre 1896, le corps expéditionnaire commandé par le général Kitchener s’emparait de Dongola et lançait des détachements en avant sur le Nil, tandis que des préparatifs étaient faits en vue de la marche ultérieure de toute l’armée renforcée. Le 7 septembre 1897, celle-ci atteignait Berber déjà évacuée. Le 10 décembre, profitant de pourparlers relatifs à la région du Tchad, l’ambassadeur d’Angleterre à Paris, Sir Edmund Monson, écrivait au ministre des Affaires étrangères de la France, en reconnaissant les droits de cette dernière sur les rives septentrionales et orientales du lac Tchad : « Le gouvernement britannique ne peut oublier que la possession de ce territoire peut, dans l’avenir, ouvrir une route vers le Nil ; et il ne faut pas comprendre que le gouvernement de Sa Majesté puisse admettre qu’aucune autre puissance européenne que la Grande-Bretagne ait un droit quelconque d’occuper aucune portion de la vallée du Nil. Les vues du gouvernement britannique sur ce point ont été exposées nettement devant le Parlement