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L’ENTENTE CORDIALE FRANCO-ANGLAISE

de la Russie et de la Grande-Bretagne, en 1905 et en 1911 qu’à la suite de la menace d’une intervention de l’Angleterre. Si elle a éclaté en 1914, c’est parce que Guillaume ii savait fort bien que ni la Russie, ni la France n’étaient prêtes à la faire et parce qu’il croyait pouvoir compter sur la neutralité de l’Angleterre.

Ce dernier fait est bien mis en relief par les ouvertures que fit le chancelier de l’Empire, M. de Bethmann-Hollweg à l’ambassadeur d’Angleterre, le 26 juillet 1914, c’est-à-dire alors que déjà les armées allemandes étaient prêtes à entrer en campagne contre la France. « Il me dit, raconte M. Goschen parlant du chancelier, que selon sa conception du principe essentiel de la politique britannique, la Grande-Bretagne ne consentirait jamais à se tenir à l’écart de façon à laisser écraser la France dans un conflit éventuel. L’Allemagne, cependant, ne visait pas ce but. Si la neutralité de la Grande-Bretagne était assurée, toute assurance lui serait donnée que le gouvernement impérial n’avait pour but aucune acquisition territoriale aux dépens de la France, à supposer que la guerre s’ensuivît et qu’elle se terminât à l’avantage de l’Allemagne. Je lui posai une question au sujet des colonies françaises. Il me répondit qu’il ne pouvait s’engager d’une manière semblable à cet égard. Pour la Hollande, Son Excellence me dit que, tant que les adversaires de l’Allemagne respecteraient l’intégrité et la neutralité des Pays-Bas, l’Allemagne serait prête à assurer le gouvernement de Sa Majesté qu’elle en ferait autant. Les opérations que l’Allemagne pourrait se trouver dans la nécessité d’entreprendre en Belgique, dépendraient de ce que ferait la France ; mais après la guerre l’intégrité de la Belgique serait respectée si ce pays ne se rangeait pas contre l’Allemagne. En terminant, Son Excellence me déclara que, depuis qu’il était chancelier, il avait eu pour but, ainsi que vous le saviez, d’arriver à une entente avec l’Angleterre ; il