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certain nombre d’Etrangers, dont chacun peut lui faire part des richesses de sa Nation, l’avantage est bien plus grand, lorsque l’Etranger vient d’un païs fertile, & est fort riche dans son païs.

Tel est l’Academicien que nous acquerons. Né dans la patrie des Sciences & des Beaux Arts, il est encor distingué dans ce païs, où il est si difficile de se distinguer.

Nous ne bornons donc pas nos prétentions avec vous à ce que nous pourrions attendre d’un autre : nous exigeons plus de lumieres & plus de secours. La Dissertation que vous venes de lire vous engage à nous etre utile, & nous fait voir, combien vous le pouvez.

Quand j’ai parlé, Mr. des distinctions dans lesquelles vous vivez en France, je ne pensois qu’à celles que votre esprit & vos talens vous ont acquises, & ce sont celles qui nous frappent le plus : j’oubliois celles du Rang & de la Naissance. Vos Ancêtres, qui furent tous guerriers, dans les tems où la Noblesse Françoise ne connoissoit d’autre gloire que celle des Armes, se sont trouvés les premiers Magistrats, lorsqu’on a connu l’importance de la Magistrature, & ont honoré de leurs noms les Fastes des Academies, dés que le gout des Lettres s’est répandu. Vous etes né d’un sang également illustre dans tous les genres.

Comment pourrois-je oublier de vous parler ici d’un de ces grands hommes qui en sont sortis ? Comment pourrois-je oublier ce que je lui dois ? J’eus le bonheur d’etre connu de lui, dès mon entrée dans une Academie, à laquelle il presidoit. Depuis ce moment, il ne s’est gueres passe de jour, où je n’aye receu quelque marque de ses bontés. Amour de la Patrie, traits gravés si profondément dans nous cœurs, avec quelle force ne vous faites vous pas sentir, lorsque vous nous rappellez de tels Amis !

Quoique M. le Comte D’Argenson remplit dés lors les premieres places, la superiorité de son génie, & l’activité de son esprit,