enfin dans leur inclination & leur génie, & par une suite naturelle, dans les productions de leur esprit, & dans les préjugés de leur education. C’est au Physicien à la chercher dans les uns ; c’est au Litterateur à la reconnoître dans les autres, & ils peuvent egalement en tirer parti. L’Academie, qui embrasse tous les genres, est plus dans le cas, qu’aucune autre, de s’appliquer à cette recherche.
Elle trouvera dans les Etrangers qu’elle voudra bien admettre de quoi se satisfaire, ils se feront honneur de lui faire hommage de ce que l’etude de l’Histoire naturelle de leur païs leur a appris, ils soumettront volontiers à son jugement, & à ses reflexions, leur façon de penser, ou plutôt celle de leur Nation, & le reste de ses anciens préjugés ; restes que le Philosophe ne conserve qu’autant qu’ils echapent à son attention ; mais qu’il ne peut jamais se répondre de n’y pas laisser echaper. Il les réformera volontiers, dés qu’on lui en fera appercevoir ici le même service ? Pourquoi non ? Aucune Nation ne peut se répondre d’en être exemte ; mais le moien le plus sûr de les vaincre, est de les soumettre à l’examen du reste du monde, qui, pris en détail, est certainement plein d’erreurs & de fausses idées ; mais qui, en général, n’en doit avoir aucunes, puisque la verité seule a droit de se faire sentir universellement, au lieu que l’erreur, quelqu’etenduë qu’elle soit, doit trouver des bornes.
Il est un genre particulier, & qui fait, pour ainsi dire, à lui seul une classe distinguée de celles dont nous venons de parler, & dans lequel le secours des etrangers me paroit aussi necessaire ; c’est l’etude & la perfection des langues vivantes. Si l’objet de ce Discours trouve des contradicteurs, cette derniére proposition doit leur paroître un vrai paradoxe. Quoi, dira-t-on, admettre dans une Academie instituée pour maintenir la pureté du langage, des gens qui ne peuvent avec beaucoup d’etude, que parvenir tout au plus à en savoir autant