Page:Histoire de Sainte Perpétue et de ses compagnons Librairie de J. Lefort 1885.djvu/484

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sur son habillement les marques de ce qu’elle avait enduré, et aussi ce catéchumène. Alors, ayant appelé son frère et ce catéchumène, elle s’adressa à eux, en leur disant : « Soyez fermes dans la foi, et aimez-vous tous les uns les autres, et ne vous scandalisez pas de nos souffrances. »

IV. De même Satur, à une autre porte, exhortait le soldat Pudens, en lui disant : « Me voici certainement comme je l’avais promis et l’avais prédit. Je n’ai senti encore aucune bête. Et maintenant, croyez de tout votre cœur. Voici que je vais là, et je serai achevé par une seule morsure de léopard. » Et aussitôt, à la fin du spectacle, exposé au léopard, d’une seule morsure il fut couvert de tant de sang, que le peuple se mit à faire allusion à un second baptême, en disant : « Il est sauvé et lavé, il est sauvé et lavé. » Il était en effet sauvé, celui qui s’était ainsi illustré dans ce spectacle. Alors, au soldat Pudens : « Adieu, dit-il, et souviens-toi de ma foi ; que ceci ne te trouble point, mais t’encourage. » En même temps, il lui demanda l’anneau qu’il portait au doigt, le lui rendit après l’avoir trempé dans sa blessure, lui laissant un gage de son hérédité et un souvenir de son sang. De là, déjà inanimé, il fut jeté avec les autres à l’endroit où l’on avait coutume d’égorger. Et comme le peuple les demandait au milieu de l’arène, afin que, au moment où le glaive pénétrerait dans leur corps, il fût associé par les yeux à l’homicide, ils se levèrent volontiers et se transportèrent là où voulait le peuple, après s’être embrassés mutuellement à l’envi, afin de consommer le sacrifice par le solennel baiser de paix. Les autres, immobiles et en silence, reçurent le coup d’épée, surtout Satur, qui le premier avait gravi l’échelle et le premier rendit l’esprit ; car il soutenait Perpétue. Mais Perpétue, afin qu’elle goûtât quelque chose de la douleur, piquée