Page:Histoire de Sainte Perpétue et de ses compagnons Librairie de J. Lefort 1885.djvu/480

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prière au Seigneur, trois jours avant le combat. Aussitôt après cette prière, les douleurs l’envahirent. Comme elle se plaignait dans le travail de l’enfantement, naturellement plus difficile au huitième mois, un des servants de la porte lui dit : « Si tu te plains ainsi maintenant, que feras-tu lorsque tu seras exposée aux bêtes, que tu as méprisées lorsque tu n’as pas voulu sacrifier ? » Et elle répondit : « Maintenant, c’est moi qui souffre ce que je souffre ; mais là, il y aura un autre qui souffrira pour moi, parce que moi, je souffrirai pour lui. » Ainsi, elle accoucha d’une fille, qu’une sœur éleva comme son enfant.

III. Puisque le Saint-Esprit a permis et a voulu que l’ordre de ce combat fût écrit, quoique nous soyons indignes de décrire la consommation d’une telle gloire, cependant nous accomplissons ceci comme un ordre de la très sainte Perpétue, et comme un fidéicommis de sa part, en y ajoutant une nouvelle preuve de sa constance et de sa grandeur d’âme. Comme ils étaient traités plus sévèrement par le tribun, parce que, par les avis de quelques sottes gens, celui-ci craignait qu’ils ne se tirasse de prison par des enchantements magiques, Perpétue lui répondit en face, et lui dit : « Pourquoi ne permettez-vous pas que nous soyons soulagés, nous, les condamnés du très noble César, et qui devons combattre au jour de son anniversaire ? N’est-il pas de votre honneur que nous y paraissions bien portants ? » Le tribun eut peur et rougit, et aussi il commanda de les traiter plus humainement, en sorte qu’il fût permis à ses frères et aux autres d’entrer et de se rafraîchir avec eux, le lieutenant de la prison étant déjà croyant.

IV. Mais la veille du combat, lorsqu’on leur donna le repas que l’on appelle libre,