Page:Histoire de Sainte Perpétue et de ses compagnons Librairie de J. Lefort 1885.djvu/469

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peu de jours, nous fûmes baptisés ; l’Esprit-Saint m’inspira de ne demander rien autre chose, au sortir de l’eau, que la grâce de souffrir dans la chair. Peu de jours après, nous fûmes mis en prison, et j’eus peur, parce que je n’avais jamais connu de telles ténèbres. O la rude journée ! Une chaleur étouffante à cause de la foule et de la brutalité des soldats ! Par-dessus tout, je souffrais de ma sollicitude pour mon enfant. Alors les diacres bénis, Tertius et Pomponius, qui nous assistaient, obtinrent, pour de l’argent, que nous pussions être tirés de là pendant quelques heures, et être plus à l’aise dans un meilleur endroit de la prison. Alors nous sortîmes du cachot : chacun pensait à soi. Pour moi, j’allaitais mon enfant, tout affaibli par la faim. Inquiète pour lui, j’en parlais à ma mère ; j’encourageais mon frère ; je leur recommandais mon fils. Je séchais de douleur, parce que je les voyais aussi sécher de douleur par amour pour moi. Je souffris ces angoisses pendant plusieurs jours, et je parvins à obtenir que mon enfant restât avec moi dans le cachot ; et aussitôt je me trouvai mieux, et je fus délivré de ma peine et de ma sollicitude pour mon enfant : et le cachot devint aussitôt pour moi comme un palais, et là, j’aimais mieux être qu’ailleurs.

III. Alors, mon frère me dit : « Madame ma sœur, vous êtes déjà devenue tout à fait digne ; tellement que vous pouvez demander à Dieu une vision, afin qu’il vous soit montré si c’est la passion ou la liberté qui vous est réservée. » Et moi, qui savais que je parlais familièrement avec le Seigneur, dont j’avais déjà obtenu tant de bienfaits, je le lui promis avec confiance en lui disant : « Demain, je te rendrai réponse. » Et je demandai au Seigneur, et il me fut montré ceci :

« Je vis une échelle d’or, d’une merveilleuse hauteur, qui s’élevait de la terre