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à rien chez mon pere, il réſolut au moins de m’encourager en m’envoyant à la ville : il y avoit long-tems que je deſirais aller au marché ; on me fit acheter cette commiſſion par bien des pleurs & par bien des chagrins domeſtiques.

Un jour vint enfin où mon pere me chargea d’un panier de beurre & d’œufs pour aller les débiter au Havre. J’y fus avec une gaieté admirable, mais je la perdis bientôt devant tous ces beaux meſſieurs de la ville. Que j’étois folle dans ce tems-là ! & que je ſuis différente aujourd’hui !