possède, en outre, un port excellent près de la mer[1]. Le lendemain, les nôtres se préparèrent à attaquer, mais ils trouvèrent la cité vide. Ils y entrèrent et y prirent leurs quartiers jusqu’au moment où l’on assiégea Archas. Tout près est une autre ville appelée Marakia[2] : l’amiral, qui la gouvernait, traita avec les nôtres et les introduisit dans la ville avec leurs bannières.
[35.] Le duc Godefroi, Bohémond et le comte de Flandre vinrent jusqu’à la ville de La Liche[3]. Bohémond se sépara des autres et retourna à Antioche[4].
Eux continuèrent leur marche et assiégèrent une ville appelée Gibel[5]. Le comte Raimond de Saint-Gilles, apprenant qu’une innombrable troupe de païens marchait contre nous pour nous livrer bataille, tint immédiatement un conseil avec les siens pour mander aux seigneurs qui se trouvaient au siège de Gibel de venir lui porter secours. À cette nouvelle, ceux-ci conclurent un traité avec l’amiral, firent la paix avec lui, reçurent des chevaux et de l’or et abandonnèrent la ville pour venir à notre secours ; mais les païens annoncés ne vinrent pas nous combattre ; et ces comtes, ayant pris leurs quartiers au delà du fleuve, prirent part au siège de cette place[6].
Peu après, les nôtres chevauchèrent contre Tripoli[7] et
- ↑ L’Anonyme, suivi par ses remanieurs, est le seul à donner des détails sur la prise de Tortose, que Raimond d’Aguilers (15, p. 276) et Albert d’Aix (V, 31, p. 451) ne font que mentionner.
- ↑ Marakia, sur la mer, au nord de Tortose.
- ↑ L’ancienne Laodicée (aujourd’hui Latakieh), appelée La Liche, dans la toponymie de l’Orient latin.
- ↑ Parce que, d’après Albert d’Aix (V, 33, p. 453), il craignait d’en être frustré par une trahison pendant son absence. Après avoir hésité plus de deux mois, les autres chefs se décident enfin à suivre l’exemple de Raimond de Saint-Gilles et à marcher sur Jérusalem.
- ↑ Gibel, l’ancienne Gabala, aujourd’hui Djibleh, petit port entre Latakieh et Tortose, ne doit pas être confondue avec Gibelet (Djebeïl), l’ancienne Byblos.
- ↑ La place d’Archas. Le bruit avait couru que le calife en personne marchait contre les croisés (Raimond d’Aguilers, 16, p. 277 ; Albert d’Aix, V, 33, p. 453).
- ↑ Diversion destinée à empêcher les Turcs de venir au secours d’Archas.