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bert le Moine, composée avant 1107[1], et des Gesta Dei per Francos de Guibert, abbé de Nogent-sous-Coucy[2], qui rédigea son livre vers 1104 et ajouta des renseignements nombreux à ceux de l’Anonyme.

D’autres chroniques ont simplement utilisé en partie le texte des Gesta. Les rapprochements établis par Hagenmeyer entre certains passages de la chronique de Raimond d’Aguilers et le texte des Gesta sont loin d’être décisifs[3] ; il est naturel que, pour raconter les mêmes faits, les deux auteurs aient employé des expressions analogues. Le texte de Raimond d’Aguilers est d’ailleurs plus développé que celui des Gesta ; on trouve, il est vrai, dans deux manuscrits de Raimond, inséré à la fin du texte, un long passage des Gesta, mais il s’agit, comme nous le verrons, d’une interpolation.

La dépendance de Foucher de Chartres et surtout d’Albert d’Aix-la-Chapelle à l’égard des Gesta est aussi problématique. Au contraire, l’inspiration des Gesta apparaît dans la chronique d’Ekkehard d’Aura[4], dans les Gestes de Tancrède de Raoul de Caen[5], dans le chapitre de la Chronique de France de Fleury-sur-Loire[6], dans le récit de Hugue de

    avec redondances, ce que son modèle a dit simplement. Il développe le récit en ajoutant des détails de son cru et à la phrase analytique, très voisine de la langue vulgaire, il substitue un arrangement de mots compliqués en prenant pour modèle la poésie rythmique. Voir les comparaisons données par Thurot dans sa préface.

  1. Recueil des historiens des croisades (Historiens occidentaux, t. III, p. 717-882).
  2. Édition Thurot, Ibid., t. IV, p. 115-263.
  3. Hagenmeyer, préface de l’édition des Gesta, p. 49-58.
  4. Recueil des historiens des croisades (Historiens occidentaux, t. V, p. 1-40).
  5. Ibid., t. III, p. 587-601.
  6. Ibid., t. V, p. 356-362.