Page:Histoire anonyme de la première croisade, trad. Bréhier, 1924.djvu/19

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les premiers mots écrits en capitales dans le manuscrit 641, des alinéas avec des blancs dans le manuscrit 572 correspondent à chacune de ces subdivisions[1]. Enfin l’Histoire du voyage à Jérusalem de Tudebode, dont le texte présente avec celui des Gesta des rapports intimes, sur lesquels nous aurons à nous expliquer, est divisée en seize « thèmes » ou récits, dont les sept premiers coïncident exactement avec les subdivisions des Gesta et se terminent par les mêmes doxologies ou mentions chronologiques.

Il faut en conclure que ces subdivisions sont bien celles de la rédaction primitive. Chacune d’elles formait à l’origine un tout et avait été rédigée séparément ; la doxologie ou la mention chronologique indique le point où le narrateur s’était arrêté. Le fait que ces divisions sont inégales et ne se présentent pas dans un ordre logique ne donne que plus de vraisemblance à cette hypothèse. Le premier récit (chap. I-IV) se termine à la bataille du Vardar, qui est loin d’être un fait décisif. Le deuxième récit va jusqu’à la prise de Nicée (chap. V-VIII). Le troisième (chap. IX) ne comprend que la bataille de Dorylée, le quatrième (chap. X-XI) la marche des croisés jusqu’à Antioche. Le siège d’Antioche est partagé inégalement entre le cinquième (chap. XII-XIII), le sixième (chap. XIV-XVII), le septième (chap. XVIII), le huitième

  1. Le manuscrit 641 renferme neuf divisions, mais il englobe à tort les neuf premiers chapitres dans le premier récit. La doxologie qui termine le chapitre IV indique une subdivision qui se trouve dans les autres manuscrits. Nous avons cru devoir la rétablir et admettre la division de l’ouvrage en dix récits. Par contre, le manuscrit 572 admet une onzième division après le chapitre XXXI, suivi de la description d’Antioche (chapitre XXXII), que nous regardons comme une interpolation, les premiers mots du chapitre XXXIII continuant exactement la suite des idées exprimées à la fin du chapitre XXXI. Nous avons donc négligé cette coupure que rien ne justifie.