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logique et peut être ancienne[1]. Dans certains manuscrits, comme le no 9783 de Madrid et le no 572 du Vatican et aussi dans l’édition Bongars, l’ouvrage est divisé en quatre livres ; mais, tandis que les trois premiers livres n’embrassent que neuf chapitres, le quatrième livre va du chapitre X au chapitre XXXIX et comprend tous les événements depuis le début de la marche en Asie Mineure jusqu’à la bataille d’Ascalon. Il y a là une anomalie qui enlève toute valeur à cette subdivision.

Reprenons cependant notre texte. Nous constatons qu’à certains intervalles le récit est interrompu et semble se terminer comme un sermon par une action de grâces ou une glorification du Seigneur (doxologie). Par exemple, à la fin du chapitre iv, où est racontée la bataille livrée par les chevaliers de Bohémond aux troupes impériales sur les bords du Vardar, on lit : « Cette bataille eut lieu le quatrième jour de la semaine qui marque le début du carême. Que Dieu soit béni en toutes choses. Ainsi soit-il ! » Il en est de même à la fin du chapitre VIII. Le chapitre IX (bataille de Dorylée) se termine par l’indication de la date de la bataille. Des doxologies ou des indications chronologiques analogues terminent les chapitres XI, XII, XVII, XVIII, XIX, XXIX, XXXIX, et l’ouvrage se trouve partagé en dix parties de dimension inégale. Les quatre premières subdivisions correspondent exactement aux quatre livres des manuscrits et de l’édition Bongars ; mais ce qui est surtout remarquable, c’est que, dans deux des plus anciens manuscrits, les nos 641 et 572 du Vatican, tous deux du xiie siècle, des initiales en rouge avec

  1. Nous l’avons conservée, à l’exemple d’Hagenmeyer, pour plus de commodité, en plaçant les numéros entre crochets. L’éditeur du Recueil des historiens des croisades (Historiens occidentaux, t. III) a introduit une autre division en chapitres, qui ne peut être qu’une source de confusions.