Bohémond apprit que les Turcs, qui avaient assiégé cette ville, nous précédaient fréquemment. Aussitôt il se prépara avec ses seuls chevaliers à les chasser de partout, mais il ne put les rencontrer.
Nous atteignîmes ensuite une ville appelée Coxon[1], qui possédait les ressources abondantes qui nous étaient nécessaires. Les chrétiens, habitants de cette ville, se rendirent aussitôt[2]. Nous y fûmes pendant trois jours dans de bonnes conditions et les nôtres purent s’y refaire entièrement.
Apprenant que les Turcs qui gardaient Antioche s’étaient retirés[3], le comte Raimond décida avec son conseil d’envoyer quelques-uns de ses chevaliers pour l’occuper rapidement. Il choisit donc ceux qu’il voulait charger de cette mission, à savoir le vicomte Pierre de Castillon[4], Guillaume de Montpellier[5], Pierre de Roaix[6], Pierre-Raimond d’Hautpoul[7], avec 500 chevaliers. Ils parvinrent, dans une vallée des environs d’Antioche, jusqu’à un château de Publicains[8], où ils apprirent que les Turcs occupaient la cité et se préparaient à la défendre avec courage. Pierre de Roaix se sépara des autres et, la nuit suivante, s’étant approché d’Antioche, il entra dans la vallée de Rugia[9], y trouva des Turcs et des Sarrasins, batailla contre eux, en tua un grand nombre et poursuivit les autres vigoureusement. Aussitôt les Arméniens, habitants de cette terre, voyant qu’il avait vaincu les païens courageusement, se rendirent. Pierre s’empara de Rusa[10] et de plusieurs châteaux.
- ↑ Peut-être Gueuk-Sou, sur le versant méridional du Taurus.
- ↑ Probablement des Arméniens.
- ↑ Cette décision prise par Raimond « en son conseil » montre le manque d’entente entre les chefs et l’on peut y voir déjà une preuve des visées du comte de Toulouse sur Antioche.
- ↑ Probablement Castillon (Gironde).
- ↑ Guillaume, seigneur de Montpellier.
- ↑ Roaix (Vaucluse).
- ↑ Raimond d’Hautpoul est cité par Raimond d’Aguilers, 5, p. 254.
- ↑ Sur les Publicains ou Pauliciens, voir plus haut, p. 49, n. 3.
- ↑ Vallée située à l’est d’Antioche, sur la route d’Alep, dans les environs du village actuel de Riha.
- ↑ Sur Rusa (qui est peut-être aujourd’hui Ruweha, au sud-est de Riha), voir Foucher de Chartres, II, 45, p. 423.
