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des obscénités ; mais comme ce sont des choses qui ne méritent pas d’être transmises à la mémoire, j’ai cru suffisant de rapporter ici les faits qui prouvent son amour excessif des plaisirs, tant lorsqu’il n’était que simple particulier, que depuis qu’il fut empereur : ainsi, étant simple particulier, il disait vouloir imiter Apicius ; étant empereur, c’était Néron, Othon et Vitellius qu’il se proposait pour modèles.

XIX. Il fut le premier comme homme privé qui couvrit ses lits d’étoffes d’or, et il s’autorisait de la vente publique qu’avait faite Marc Antonin de tout le mobilier impérial. Il distingua ses repas d’été par différentes couleurs, par exemple, aujourd’hui vert pré ou vert de mer, demain bleu d’azur, et ainsi, en variant de couleur de jour en jour, pendant tout le cours de l’été. Le premier il eut des marmites à réchaud en argent, ainsi que des chaudrons du même métal. Depuis il eut des centaines de vases d’argent sculptés, dont plusieurs représentaient des images fort obscènes. Le premier il imagina le vin au mastic, le vin au pouliot et toutes ces inventions que le luxe a conservées. Le vin rosat était connu avant lui, mais il y ajouta des pommes de pin concassées pour le rendre plus odorant. En général, on ne fait mention d’aucune de ces boissons avant Héliogabale, dont toute la vie ne fut employée qu’à la recherche des plaisirs. C’est lui qui le premier fit faire des saucisses de poissons, par exemple d’huîtres de plusieurs sortes, de conques marines, de langoustes, de homards, et de scilles. Il parsemait de roses ses salles à manger, les lits et les portiques, et se promenait sur les fleurs de toute sorte, lis, violettes, jacinthes et narcisses. Jamais il ne prit un bain sans y verser des parfums exquis ou du safran. Il ne couchait volontiers que sur des coussins remplis de poils de lièvre ou de plumes prises sous l’aile des perdrix, et changeait souvent d’oreillers.