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et l’élégance de l’abréviateur de Trogue-Pompée : le siècle d’Auguste est déjà loin ; il ne reviendra plus. On peut justement reprocher à Lampride de manquer de critique, de méthode et de goût : sous le rapport de la méthode surtout, il offre généralement le plus fatigant désordre ; mais, écrivain estimable, il s’attache à ne rien omettre de ce qui peut compléter le tableau de la vie de ses héros. N’allons donc pas, avec Tillemont (Histoire des Empereurs, t. iii, p. 387), pousser la sévérité jusqu’à dire que « Lampride et les autres qui ont fait l’Histoire Auguste ne méritent pas le nom d’historiens. » Lampride, au contraire, se montre digne de toute notre confiance. Flavius Vopiscus, qui l’avait pris pour modèle comme historien, tout en lui refusant ses éloges pour le style, le loue de son amour pour la vérité, non tam diserte quam vere (Vie de Probus, ch. ii). Si quelques-uns des faits qu’il raconte paraissent hasardés, comme dans la Vie d’Héliogabale, il prévient lui-même qu’il a souvent rapporté des bruits populaires dont il ne se rend pas garant. Et ici je pourrais rappeler le jugement que porte Juste-Lipse (lib. v, ep. 1 et 21) sur cette intéressante collection de l’Histoire Auguste, où Lampride a sa part d’un éloge mérité : « E Spartiano, Lampridio, Capilolino Vulcatio, et illis quasi partium secundarum historicis, eloquentiæ non multum, rerum et morum veterum immensam copiam est haurire. — Sans doute il n’y a pas beaucoup à gagner pour l’éloquence dans Spartien, Lampride, Capitolinus, Vulcatius, et ces autres historiens qu’on peut appeler du second ordre ; mais on en peut tirer une riche moisson pour l’histoire des événements et des mœurs anciennes. » Fabricius (Biblioth. lat., liv. iii, ch. 6) prétend que Lampride est le même que Spartien, dont le nom entier serait Ælius Lampridius Spartianus. On a aussi voulu confondre Capitolinus avec Lampride, et l’on se fondait sur un passage de notre auteur (Vie d’Héliogabale, ch. xxxiv) où il parle d’une Vie des Gordien père et fils qu’il aurait composée. Vossius (de Hist. Lat., p. 193) est du même avis. Saumaise lui-même a embrassé cette opinion ; mais M. de Moulines, dans la préface savante qu’il a mise en tête de sa traduction des écrivains de l’Histoire Auguste, réfute ces assertions, et prouve assez bien, tant par les différences de style que par certaines convenances de dédicace, qu’on ne doit guère penser à changer la ré-