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XIX. Carin et Numérien rendirent surtout leur règne remarquable en donnant au peuple romain des jeux embellis de nouveaux spectacles qu’on voit encore représentés en peinture dans le palais situé près du portique de I’Étable. On y offrit à la curiosité du public un acrobate chaussé de cothurnes, qui semblait suspendu dans les airs ; un tichobate qui, pour éviter un ours, courait sur un mur ; des ours qui jouaient la pantomime ; des concerts de cent trompettes, de cent cors, de cent flûtes, de cent cornemuses ; mille pantomimes et gymniques ; en outre, une machine de théâtre dont les flammes consumèrent la scène, que Dioclétien, par la suite, fit reconstruire avec plus de magnificence encore qu’auparavant. On fit venir aussi de toutes parts des mimes ; on exécuta, de plus, des exercices sarmates, la chose du monde la plus agréable à voir ; on montra un cyclope. Les artistes grecs, les gymniques, les histrions et les musiciens reçurent en présent de l’or, de l’argent et des vêtements de soie.

XX. Je ne sais combien toutes ces choses peuvent plaire au peuple, mais il est bien certain que les bons princes n’y attachent aucune importance. On rapporte qu’un des préposés aux menus plaisirs de Dioclétien, lui vantait un jour les spectacles donnés par Carus, disant que ces princes s’étaient rendus fort populaires par les représentations théâtrales et les jeux du Cirque. « Carus a donc bien ri [ou on a donc bien ri aux dépens de Carus] pendant son règne, » reprit l’empereur. Enfin Dioclétien ayant donné lui-même des jeux où il avait convoqué toutes les nations, et n’ayant pas fait preuve dans cette occasion d’une grande libéralité, dit : « II faut de la réserve dans les jeux quand le censeur y assiste. » J’engage Junius Messalla, que j’ose ici blâmer sans crainte, à lire ce passage, lui qui priva ses héri-