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romain, les biens des sénateurs. Il épousa et répudia successivement neuf femmes, qu’il renvoya enceintes pour la plupart. Il remplit le palais de mimes, de courtisanes, de pantomimes, de chanteurs et de corrupteurs de la jeunesse. Il lui répugnait tant de donner sa signature, qu’il avait préposé, pour signer à sa place, un homme de mœurs impures, avec lequel il avait coutume de jouer tous les jours à midi. Il lui arrivait souvent de le gronder de ce qu’il imitait trop bien son écriture.

XVII. Il portait des pierres précieuses sur ses souliers ; il ne se servait d’aucune fibule qui ne fût ornée de pierreries, et souvent même son baudrier en était enrichi ; enfin, la plupart des Illyriens l’appelaient roi. II n’alla jamais au-devant des préfets ni des consuls. Il montrait beaucoup de déférence pour les hommes pervers, et les invitait fréquemment à sa table, où souvent, dans un seul repas, on servait cent livres d’oiseaux, cent livres de poisson et mille livres de viandes diverses ; le vin y était versé avec profusion. Il nageait parmi les pommes et les melons. Il jonchait ses salles à manger et ses chambres à coucher de roses de Milan. Il prenait comme tièdes les bains froids, et ces derniers pour lui devaient toujours être à la température de la neige. On rapporte qu’étant venu en hiver dans un endroit où se trouvait une fontaine dont l’eau était très tiède, comme cela est naturel dans cette saison, il dit, aux gens de service, après s’être baigné dans cette eau : « Vous me donnez de l’eau de femme ; » plaisanterie qui passe pour la meilleure qu’il ait faite. Son père, en apprenant quelle était sa conduite, s’écria : « Ce n’est point là mon fils. » Carus avait enfin pris la résolution de le faire mourir (si l’on en croit Onésime) et de lui substituer Constance (qui plus tard fut fait césar, et qui alors était préside de Dalmatie), l’homme le meilleur