Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/467

Cette page n’a pas encore été corrigée

auguste Dioclétien, que déjà, dit-on, plusieurs présages avaient désigné pour l’empire. Dioclétien, qui commandait alors la garde du prince, était un homme remarquable, expérimenté, dévoué à la république et aux siens, toujours prêt a satisfaire aux exigences du moment, d’une perspicacité que rien ne mettait en défaut ; quelquefois cependant il affectait de l’effronterie, mais ce n’était que par prudence et pour cacher, sous les dehors d’une fermeté excessive, les chagrins d’un esprit en proie à l’inquiétude. Quand Dioclétien fut monté sur son tribunal et qu’on l’eut salué auguste, on s’informait comment Numérien avait été tué. Tirant alors son glaive, il montra le préfet du prétoire, Aper, et frappa le traître en disant : « Voilà l’auteur de la mort de Numérien ! » Ainsi Aper, après s’être souillé d’un crime auquel l’avait poussé sa coupable ambition, eut une fin digne de son caractère. Mon aïeul m’a rapporté qu’il assistait à l’assemblée lorsque Aper périt par la main de Dioclétien. Le nouveau césar, en frappant le meurtrier, me disait-il, prononça ces paroles : « Félicite-toi, Aper,

« tu tombes sous la main du grand Énée ; »

ce qui me surprend de la part d’un homme de guerre, quoique je n’ignore pas qu’un fort grand nombre de guerriers ont cité des passages, soit grecs, soit latins, tirés d’auteurs comiques et d’autres poètes, et que les auteurs comiques eux-mêmes se plaisent souvent à mettre d’anciens proverbes dans la bouche des soldats. On peut citer comme exemple ce mot de Livius Andronicus :

« Tu cherches bien loin ce que tu as sous la main ; »

et beaucoup d’autres que Plaute et Cécilius ont employés.