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disputa même la palme à Olympius Némésien, auteur de poèmes didactiques sur la pêche, sur la chasse et sur la navigation, et que son talent avait rendu célèbre dans toutes les colonies. Semblable au soleil, dont l’éclat fait pâlir les autres astres, il éclipsa Aurelius Apollinaire, poète ïambique, qui avait célébré les actions de Carus, son père, en publiant un poème sur le même sujet. On dit que sa harangue adressée au sénat était si éloquente, qu’on décréta en son honneur, non en sa qualité de césar, mais en sa qualité de rhéteur, l’érection d’une statue dans la bibliothèque Ulpienne, avec cette inscription :

À NUMÉRIEN CÉSAR,

L’ORATEUR LE PLUS DISTINGUÉ DE SON TEMPS.

XII. Il accompagna son père à la guerre contre les Perses. Quand il le perdit, les pleurs abondants qu’il versa, lui ayant causé une ophthalmie, genre d’affection auquel l’excès des veilles l’avait rendu fort sujet, il se faisait porter dans une litière. Ce fut alors qu’il fut assassiné par la faction d’Arrius Aper, son beau-père, qui était dévoré de la soif de régner. Pendant plusieurs jours, lorsque les soldats s’informaient de l’état de la santé de l’empereur, Aper leur répondait qu’on ne pouvait le voir, parce qu’il craignait l’irritation que pouvait produire sur ses yeux le vent et le soleil. Toutefois, l’odeur du cadavre dévoila l’affreuse vérité. La faction d’Aper ne put rester longtemps cachée ; tous se jetèrent sur son chef et le traînèrent devant les drapeaux et la place d’armes du camp. Alors se tint une grande assemblée, et l’on dressa un tribunal.

XIII. On se demandait quel était celui qui se chargerait de la juste vengeance de Numérien, quel était le prince qui serait donné à la république, quand, par une inspiration divine, toutes les voix proclament