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périrent, dit-on, de frayeur. L’empereur était donc malade et couché dans sa tente, lorsqu’il s’éleva un violent orage : un éclair terrible brilla, un coup de tonnerre plus terrible se fit entendre, et Carus avait cessé de vivre. Junius Calpurnius, historiographe du prince, adressa sur sa mort la lettre suivante au préfet de Rome (je n’en cite qu’une partie) :

« Carus, notre empereur, dont le nom rappelle si bien l’amitié que nous avions pour lui, était malade lorsqu’il s’éleva subitement une furieuse tempête accompagnée d’une obscurité telle, qu’il n’était plus possible de distinguer personne ; bientôt des éclairs qui faisaient paraître le ciel tout en feu, et les coups répétés du tonnerre nous ôtèrent à tous le sang-froid nécessaire pour savoir ce qui se passa alors. Mais soudain part un cri, qui se fit surtout entendre après un grand éclat de tonnerre qui avait partout répandu l’effroi : « L’empereur est mort ! » Joignez à cela que les officiers de la chambre du prince, désespérés de sa perte, brûlèrent sa tente. De là s’est répandu le bruit que Carus avait été frappé par la foudre, tandis que, autant que nous pouvons le savoir, il est certain qu’il a succombé à sa maladie. »

IX. Ce qui m’a engagé à rapporter cette lettre, c’est la croyance généralement répandue que, par l’ordre du sort, un prince romain ne peut aller au-delà de Ctésiphon, et que Carus fut foudroyé parce qu’il avait voulu passer les bornes qu’avait posées le destin. Mais laissons à la timidité ses superstitions, que l’homme de courage doit fouler sous ses pieds. Le très vénérable césar Maximien peut, quand il le voudra, marcher en vainqueur sur la Perse, et porter ses armes plus loin encore ; ce qui arrivera, je l’espère, si les, nôtres ne dédaignent