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membres de votre ordre, un Romain comme vous, vient d’être appelé à l’empire. Nos efforts, n’en doutez pas, tendront toujours à ce qu’on ne puisse croire que les princes étrangers sont meilleurs que les vôtres. »

On voit aussi clairement, par ce passage, qu’il voulait se faire passer pour Romain, c’est-à-dire pour être né à Rome. Comme les inscriptions de ses statues I’indiquent, Carus passa par les grades civils et militaires ; élevé par Probus à la dignité de préfet du prétoire, il sut si bien conquérir l’affection des soldats, qu’après la mort de ce grand prince, il parut seul digne de l’empire.

VI. Je n’ignore pas que la plupart des écrivains ont pensé, et même consigné dans leurs histoires, que Probus avait été tué par la faction de Carus ; mais les bienfaits de Probus envers Carus, et la conduite de ce dernier, qui punit sévèrement, et sans distinction de personnes, les meurtriers de son prédécesseur, ne permettent guère que l’on ajoute foi à cette assertion. La lettre que Probus écrivit au sénat relativement aux honneurs à accorder à Carus, montre quelle était son opinion sur lui.

« À son très affectueux sénat, Probus auguste, salut. — Notre république serait heureuse (dit Probus entre autres choses), si je pouvais confier les charges de l’État à un grand nombre de sujets aussi distingués que Carus ou que la plupart d’entre vous. Aussi je pense, sénateurs, et je crois ne point trouver d’opposition parmi vous, qu’il convient de décerner une statue équestre à cet homme de mœurs vraiment antiques, et, de plus, de lui construire aux frais du trésor public une maison pour laquelle je fournirai les marbres : car il est de notre dignité de récompenser l’intégrité d’un homme aussi recommandable, » etc.