Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/451

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pas le caractère ; ce qui devait être, surtout dans un État dont les plaies saignaient encore, et qui déplorait les perplexités où l’avaient jeté la captivité de Valérien, les dérèglements de Gallien, et [la violence] de trente tyrans qui avaient morcelé l’empire pour s’en approprier les débris.

II. Si nous voulons récapituler les diverses révolutions subies par la république romaine depuis la fondation de Rome, nous trouverons que nul État ne peut se glorifier ou se plaindre d’avoir eu un plus grand nombre de bons ou de mauvais princes. Et, pour commencer par Romulus, qui est le véritable père et le créateur de la république, de quel bonheur ne jouit-elle pas sous lui, qui, après l’avoir fondée, l’ordonna et affermit sa puissance, et qui, parmi tous les fondateurs, est le seul qui ait laissé une ville parfaite ? Parlerai-je ensuite de Numa, qui fortifia par la religion cette ville belliqueuse et grosse de triomphes ? Notre république fut ainsi florissante jusqu’au règne de Tarquin le Superbe ; mais si elle eut à souffrir de la tyrannie de ce prince, elle sut le punir, à quelque prix qu’ait été la vengeance. Elle s’agrandit ensuite jusqu’à l’époque de la guerre contre les Gaulois ; mais, submergée comme par un naufrage, Rome étant prise, à l’exception de la citadelle, elle ressentit peut-être alors plus de maux que jusque-là elle n’avait eu de bonheur. Par la suite elle recouvra toute sa splendeur ; mais les guerres puniques, et la terreur que lui inspira Pyrrhus, l’affectèrent tellement, que son découragement la réduisit aux dernières extrémités.

III. Carthage vaincue, elle s’accrut encore et étendit son empire au delà des mers ; mais, affaiblie par la guerre Sociale, ayant perdu jusqu’au sentiment du bien-être, épuisée par les guerres civiles jusqu’au règne d’Auguste, elle ne fut plus qu’un corps usé par la