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VIES DE CARUS, DE NUMÉRIEN ET DE CARIN


I. C’est le destin qui régit la république, et qui tantôt l’élève au faîte de la puissance, et tantôt la réduit aux dernières extrémités : la mort de Probus l’a suffisamment prouvé. Après avoir traversé les temps, florissante ou affligée, suivant les phases diverses par lesquelles elle avait passé, aujourd’hui agitée par la tempête, demain au comble de la félicité, après avoir été soumise à tous les événements auxquels la vie de l’homme est exposée, elle semblait, après une longue série de malheurs, se raffermir et commencer une suite durable de jours prospères sous Probus, entre les mains duquel le sénat et le peuple avaient remis les lois et les rênes de l’empire, depuis qu’Aurélien, ce prince fougueux, n’était plus ; mais, par une catastrophe épouvantable, aussi désastreuse qu’un naufrage ou qu’un incendie, des soldats furieux, qui semblaient être les instruments du destin, enlevèrent à la république cet excellent prince, et la replongèrent ainsi dans le désespoir, chacun craignant de voir surgir des Domitiens, des Vitellius et des Nérons : car on est plutôt porté à croire méchants que bons les princes dont on ne connaît