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et fut élevé par sa mère, femme d’un mâle caractère, qui négligea de lui donner de l’éducation. Il servit d’abord dans l’infanterie, puis dans la cavalerie. Il fut centurion, et, après avoir passé par le grade de tribun, il fut préposé à la défense des frontières de la Rhétie. C’était le plus grand buveur qui fût au monde. Aurélien disait souvent de Bonose : « Cet homme n’est pas né pour vivre, mais pour boire ; » et cependant il eut pendant longtemps beaucoup de considération pour lui, en raison des services qu’il rendait à la guerre. S’il arrivait à quelque nation barbare d’envoyer des ambassadeurs, Bonose buvait avec eux pour les enivrer, et, quand il avait réussi, il apprenait d’eux tout ce qu’on avait intérêt à connaître. Pour lui, quelle que fût la quantité de vin qu’il eut bue, il était toujours calme et dans tout son bon sens, et même, si l’on en croit Onésime, le biographe de Probus, il se montrait alors plus prévoyant qu’à jeun. Ce qui était surprenant en lui, c’est qu’il urinait autant qu’il buvait, et que jamais il n’éprouva d’affections d’estomac, d’intestins ni de vessie.

XV. Les Germains ayant un jour incendié des vaisseaux romains en station sur le Rhin, Bonose, dans la crainte d’être puni, prit la pourpre, et la conserva plus longtemps qu’il ne méritait : car, ayant été vaincu par Probus après un long et terrible combat, il mit fin à ses jours en se pendant. On dit alors de lui par plaisanterie : « Ce n’est pas un homme qui est pendu, c’est une amphore. » Il laissa deux fils, que Probus épargna. Son épouse fut aussi traitée avec distinction par le vainqueur, qui lui paya une pension jusqu’à sa mort. Cette femme, qui appartenait à une famille illustre du pays des Goths, était (comme le disait mon aïeul) le modèle de son sexe. Aurélien l’avait unie à Bonose, pour apprendre de lui par cette femme, qui