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même, par le bétail, les esclaves et les nombreux objets qu’il s’était appropriés, s’était fait une fortune assez considérable. On rapporte qu’il arma deux mille de ses esclaves au temps où il prit la pourpre. Cet acte de témérité lui fut conseillé par son épouse, femme d’un caractère viril, qui avait été surnommée Sampso, et dont le nom était Viturgia. II eut un fils nommé Herennianus, qu’il voulait, disait-il, s’associer à l’empire dès qu’il aurait cinq ans accomplis. Proculus était, sans contredit, un homme excellent et fort brave. Quoiqu’il eût été accoutumé au brigandage, il consacra sa vie aux armes : il fut tribun de plusieurs légions et s’illustra par des actes de courage. Comme les moindres particularités sont agréables et ont une sorte d’attrait quand on les lit, nous croyons ne devoir pas omettre ce dont il se glorifiait dans une lettre que nous transcrirons ici, plutôt que d’entrer sur elle dans de plus longs détails :

« Proculus à Metianus, son parent, salut. — J’ai pris cent jeunes filles en Sarmatie : dix, dans une seule nuit, ont partagé ma couche ; et j’ai si bien mis le temps à profit, que, dans l’espace de quinze jours, je les ai toutes rendues femmes. »

Comme vous le voyez, il tirait vanité d’un action brutale et licencieuse, et il croyait fonder sa réputation de grand homme sur un amas de crimes.

XIII. Parvenu aux honneurs militaires, Proculus continua à vivre dans le vice et dans le dérèglement ; toutefois, comme il était plein de courage, d’après les conseils qu’en donnèrent les Lyonnais, qui étaient fatigués de l’oppression que faisait peser sur eux Aurélien, et de la crainte que leur inspirait Probus, il fut appelé à l’empire, en jouant et comme par plaisanterie, s’il faut en