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qui adorent Sérapis sont chrétiens, et ceux qui se disent évêques chrétiens sont dévoués au culte de Sérapis. On n’y voit point de chef de synagogue juive, point de samaritain, point de prêtre chrétien qui ne soit mathématicien, aruspice ou alypte ; et le patriarche lui-même, quand il vient en Égypte, est contraint par les uns d’adorer Sérapis, et par les autres d’adorer Christ. Les Égyptiens sont séditieux, vains et portés à l’outrage ; leur ville est opulente, riche, industrieuse, et personne n’y vit dans l’oisiveté. Les uns y soufflent le verre, les autres y fabriquent le papier, et tous, quels que soient leur position et l’état qu’ils exercent, s’occupent de la confection de la toile. Chez eux les podagres travaillent ; les aveugles ont leurs occupations, ont leur tâche à remplir ; les chiragres même ne restent pas oisifs. Ils n’ont qu’un seul dieu, que les chrétiens, les juifs et toutes les nations révèrent. Plût au ciel que les mœurs de cette ville fussent plus pures ; car elle est certainement digne, par son importance, par sa grandeur, d’être considérée comme la première de l’Égypte ! J’ai accueilli toutes ses demandes, je lui ai rendu ses anciens privilèges, je lui en ai octroyé de nouveaux, ce dont ils me rendirent grâces quand j’étais chez eux ; mais à peine m’étais-je éloigné, qu’ils ont même décrié mon fils Verus. Je pense que vous avez aussi appris ce qu’ils ont dit d’Antinoüs. Tout ce que je leur souhaite, c’est qu’ils se nourrissent de leurs poulets : je n’ose dire ici le moyen qu’ils emploient pour les faire éclore. Je vous adresse des coupes de couleur changeante qui m’ont été offertes par le prêtre du temple, et que j’ai spécialement réservées pour ma sœur et pour vous : je vous engage à vous en servir dans les festins des fêtes solennelles, mais je vous recommande de n’en point permettre l’usage à notre petit Africain. »