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qui avait été consacré à Jupiter Très-Bon, Très-Grand, un prince détestable osa en faire un moyen de séduction et le prix de ses débauches !

IV. Firmus était de haute taille ; il avait les yeux saillants, les cheveux crépus, le front balafré, le teint brun, quoique le reste de son corps fût blanc. Il était couvert de poils et barbu, au point qu’on l’appelait généralement le Cyclope. II faisait une grande consommation de viande, et l’on dit qu’il mangeait une autruche dans un jour. Il buvait peu de vin, beaucoup d’eau ; son caractère était très ferme, et sa force musculaire telle, qu’il l’emportait sur Tritanus, dont parle Varron. Renversé en arrière, non couché, mais appuyé sur ses mains qui le tenaient suspendu, il supportait sans fléchir une enclume qu’on lui plaçait sur la poitrine, et sur laquelle on frappait avec des marteaux. Un jour, les officiers d’Aurélien le mirent au défi de boire avec eux, voulant éprouver s’il supporterait bien le vin : un des auxiliaires, nommé Burburus, grand buveur, l’ayant provoqué, il vida deux seaux de vin, et se montra ensuite, pendant toute la durée du repas, dans la plénitude de son bon sens. Burburus lui ayant dit : « Pourquoi n’avez-vous pas bu la lie ? — Imbécile, lui répondit-il, on ne boit pas de la terre. » Mais nous nous arrêtons à des futilités, quand nous avons des choses plus importantes à faire connaître.

V. Firmus, donc, prit la pourpre contre Aurélien, dans le but de défendre le territoire qui restait à Zénobie ; mais il fut défait par cet empereur, qui revenait de Carres. Un grand nombre d’écrivains prétendent que Firmus mit fin à ses jours en s’étranglant ; mais des édits d’Aurélien prouvent qu’il n’en est point ainsi : en effet, après sa victoire ce prince fit afficher à Rome la proclamation suivante :

« Au peuple romain, son très affectionné Aurélien