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FIRMUS De J.C. 274

III. Firmus naquit à Séleucie : la plupart des historiens grecs, il est vrai, lui donnent une autre patrie ; mais ils ont ignoré qu’à la même époque vivaient trois Firmus, dont le premier était préfet de l’Égypte, le second préposé à la défense des frontières d’Afrique et proconsul, le troisième, enfin, cet ami et cet allié de Zénobie, qui, dans sa fureur, pénétra jusque dans Alexandrie d’Égypte, et qui fut mis à mort par l’ordre d’Aurélien, dont la fortune semblait se plaire à favoriser les armes. On rapporte sur ses richesses un grand nombre de choses extraordinaires. Tous les murs de sa maison, s’il en faut croire la renommée, étaient couverts de carrés de cristal qu’il avait fait fixer avec du bitume ou autres matières gluantes. Il avait tant de livres, qu’il disait souvent en public qu’avec le papier et la colle il pourrait nourrir une armée. Il avait contracté une étroite alliance avec les Blemmyes et les Sarrasins. Il envoya souvent des vaisseaux dans les Indes pour y faire le commerce. On dit aussi qu’il avait deux dents d’éléphant de dix pieds, qu’Aurélien réservait, en attendant qu’il en eût deux autres, pour faire un siège destiné à recevoir une statue d’or de Jupiter, qui devait être ornée de pierreries, couverte de la prétexte et placée dans le temple du Soleil avec les sorts de l’Apennin, et qu’il voulait qu’on appelât cette statue Jupiter Consul ou Consulens[1]. Mais Carinus, par la suite, donna ces deux dents à une femme, qui en fit, dit-on, un lit : comme ce fait est maintenant bien connu, et qu’il servirait peu à l’instruction de la postérité, je n’en dirai pas davantage à ce sujet. Ainsi, ce présent venu de l’Inde,

  1. Jupiter auteur de bons conseils ou donnant des conseils.