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oisifs : en effet, il leur faisait exécuter d’immenses travaux, disant « que le soldat ne devait pas manger son pain sans l’avoir gagné. » À ce propos il avait ajouté le suivant, qui avait plus de portée encore : « Si les affaires de la république ont un heureux succès, bientôt nous n’aurons plus besoin de soldats. » Quelle était la pensée de celui qui prononçait ces paroles ? N’avait-il pas subjugué toutes les nations barbares, lui qui avait fait romain l’univers entier ? Que pouvait-on entendre par ces mots : « Bientôt nous n’aurons plus besoin de soldats, » si ce n’est : bientôt il n’y aura plus de soldats romains ; la république régnera tranquillement sur toutes les nations et jouira sans troubles de tout ce qu’elle possède ; nulle part on ne fabriquera d’armes, les approvisionnements du dehors deviendront inutiles ; les bœufs seront employés au labourage, le cheval jouira des bienfaits de la paix ; plus de guerre, plus de captifs ; partout la paix, partout les lois romaines et partout nos magistrats.

XXI. Mais mon admiration pour cet excellent prince m’entraîne hors des limites assignées à la simple prose. Je vais donc me borner à dire ce qui contribua le plus à hâter sa mort. Étant venu à Sirmium et voulant fertiliser et étendre le sol de son pays natal, il y établit plusieurs milliers de soldats pour y dessécher un marais : il voulait, pour y parvenir, faire creuser un immense fossé qui, tout en ouvrant aux vaisseaux une voie pour prendre la mer, assainirait les lieux environnants, que les Sirmiens pourraient alors consacrer à la culture. Ce projet irrita les soldats au point qu’ils le poursuivirent jusque dans une tour garnie de fer, qu’il avait fait élever à une grande hauteur pour lui servir de point d’observation, et l’y tuèrent, la cinquième année de son règne. Par la suIte, cependant, toute l’armée, d’un ac-