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gibier était laissé à la disposition du peuple. Voici la description de ce spectacle. De grands arbres arrachés avec leurs racines par les soldats furent fixés sur un assemblage de longues poutres liées entre elles en long et en large, et qu’on recouvrit de terre : le Cirque tout entier, planté d’arbres dans tout l’éclat de leur verdure, offrait ainsi l’aspect merveilleux d’une forêt. On lâcha ensuite par toutes les avenues mille autruches, mille cerfs, mille sangliers, mille daims, des ibis, des brebis sauvages, et autres animaux herbivores autant qu’on en put nourrir, ou plutôt qu’on en put trouver ; puis on donna accès au peuple, et chacun y prit ce qu’il voulut. Un autre jour il fit lancer en même temps dans l’amphithéâtre cent lions à longue crinière. Ces animaux, dont les rugissements étaient comparables au bruit du tonnerre, furent tous tués au sortir des loges souterraines, mourant sans donner de grandes marques de courage : ces bêtes n’avaient pas la fougue qu’elles montrent ordinairement quand elles sortent des voûtes grillées ; plusieurs même, qui ne voulaient pas quitter leurs loges, furent tuées à coups de flèches. Parurent ensuite cent léopards de Libye, cent de Syrie, cent lionnes et trois cents ours en même temps : le spectacle de tous ces animaux féroces fut plutôt merveilleux qu’agréable. Enfin furent introduits trois cents paires de gladiateurs, parmi lesquels combattirent plusieurs Blemmyes qui avaient précédé le char triomphal de Probus, plusieurs Germains et Sarmates, et même quelques brigands isauriens.

XX. Sur ces entrefaites, Probus faisait ses préparatifs pour la guerre de Perse, lorsque, passant par I’IIlyrique, il périt victime d’embûches que lui tendirent ses soldats. Ce qui d’abord les porta à lui ôter la vie, c’est, que jamais il n’avait pu souffrir qu’ils restassent