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mière pensée fut de prévenir les troupes d’Italie, et d’empêcher le sénat de nommer un nouvel empereur : les soldats délibérèrent donc entre eux sur le choix qu’ils devaient faire, et les tribuns se rendirent auprès de chaque manipule assemblé dans la plaine, disant : « II nous faut un empereur courageux, respectable, modeste, clément et probe. » On répétait ces paroles, suivant l’usage, au milieu des cercles nombreux formés par les soldats, quand, par une sorte d’inspiration divine, part de tous côtés ce cri : « Probus auguste, que les dieux vous conservent ! » Puis on court, on élève un tribunal de gazon ; on en fait approcher l’empereur, on le couvre d’un manteau de pourpre, parure de la statue d’un temple, et de là on le reconduit au palais malgré sa résistance et son refus. Il ne cessait de répéter aux soldats : « Vous ne savez ce que vous faites ; vous agissez mal avec moi. Vous vous donnez un maître qui ne saura point vous flatter. » Sa première lettre, qu’il adressa à Capiton, préfet du prétoire, était conçue en ces termes :

« Je n’ai jamais désiré l’empire, et je ne l’ai accepté qu’à regret. Je ne puis toutefois abdiquer une position à laquelle tant de personnes aspirent, et je dois remplir le rôle que les soldats m’ont imposé. Je vous prie donc, mon cher Capiton, de me prêter votre concours dans tout ce qui peut faire prospérer la république, et de faire en sorte que, partout où il se trouve, le soldat ait toujours du pain, des vivres, et tout ce qui lui est nécessaire ; pour moi, je vous donne l’assurance, autant que je puis Ie faire, que si vous remplissez vos fonctions avec zèle, je n’aurai jamais d’autre préfet que vous. »

À la nouvelle que Probus avait été élu empereur, les soldats, persuadés que personne plus que lui n’était digne du pouvoir, tuèrent Florien, qui s’était emparé du trône comme d’un héritage. Ainsi, sans le moindre