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pourtant je vous la donne bien tôt. Prenez donc sous votre protection la troisième légion, l’heureuse, que jusqu’alors je n’ai confiée qu’à des chefs d’un âge avance : moi-même je n’eus l’honneur de la commander que lorsque le prince qui me la remit vit avec plaisir que mes cheveux étaient blancs. Mais votre valeur incomparable et vos mœurs irréprochables me sont un sûr garant qu’il n’est pas besoin chez vous d’attendre le nombre des années. J’ai donné l’ordre de vous remettre trois vêtements, une double paye : et je vous envoie un enseigne. »

VI. Énumérer ici toutes les belles actions par lesquelles ce grand homme, comme simple particulier, s’illustra sous Valérien, sous Gallien, sous Aurélien et sous Claude, serait pour moi une tâche fort longue. Combien n’escalada-t-il pas de murailles ! combien ne força-t-il pas de remparts ! combien son bras n’immola-t-il pas d’ennemis ! Ne mérita-t-il pas mille fois les récompenses de ses empereurs ? ne rendit-il pas à la république son ancien éclat ? Une lettre adressée par Gallien aux tribuns nous montre quel était Probus.

« Gallien auguste aux tribuns des armées d’Illyrie. — Quoique mon père expie par sa captivité la malheureuse issue de la guerre contre les Perses, je puis cependant, grâce à l’activité d’Aurélius Probus, mon parent, vivre dans une sorte de sécurité. S’il eût été présent, jamais, certes, le tyran dont le nom ne devrait jamais être prononcé n’eût usurpé l’empire. Je désire donc que vous suiviez tous ponctuellement Ies ordres de l’homme dont mon père et le sénat ont apprécié les hautes qualités. »

Le témoignage de Gallien, prince sans énergie, ne paraîtra peut-être pas d’une grande autorité ; mais ce qu’on ne peut nier, c’est que les hommes dissolus ne se confient jamais qu’à ceux dont les qualités paraissent