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VIE DE PROBUS


I. Ce que les historiens Crispus Salluste, Marcus Caton et Gellius ont consigné dans leurs écrits comme une sentence est bien vrai : « toutes les vertus des grands hommes ne sont que ce que les fait le génie de leurs biographes. » Voilà pourquoi Alexandre le Grand, roi de Macédoine, devant le tombeau d’Achille, dit, en laissant échapper un profond soupir : « Heureux jeune homme, qui as trouvé un tel héraut pour célébrer tes hauts faits ! » Il faisait ainsi allusion à Homère, qui a donné à Achille autant d’amour pour la gloire, qu’il avait lui-même de génie. Ne me demande pas, mon cher Celse, où tend ce discours. La disette d’écrivains fait que nous connaissons à peine I’empereur Probus, sous le gouvernement duquel l’Orient, l’Occident, le Midi, le Septentrion, toutes les parties de I’univers enfin, ont joui de tous les bienfaits de la paix qu’il leur avait rendue. À notre honte, l’histoire a laissé périr la mémoire d’un homme si grand et d’un mérite tel que les guerres puniques, les soulèvements des Gaules, les troubles du Pont, les ruses de l’Espagne n’en ont offert aucun qui lui soit comparable. On ne m’avait demandé, il y a bien longtemps, qu’une Vie d’Aurélien, et je l’ai faite du mieux qu’il m’a été possible. Mais il ne sera pas dit qu’ayant composé déjà