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il allait offrir des libations dans le temple d’Hercule, à Fundi, le vin prit tout à coup une teinte pourprée. Un cep de vigne aminéen, qui jusqu’alors avait donné du raisin blanc, donna des grappes d’un rouge foncé, l’année où Tacite parvint à l’empire. Des prodiges aussi annoncèrent sa mort : les portes du tombeau de son père se brisèrent en s’ouvrant ; Tacite et Florien virent distinctement, en plein jour, l’ombre de leur mère (on sait qu’ils n’étaient pas fils du même père) ; dans le laraire, toutes les images des dieux pénates tombèrent, renversées par un tremblement du sol, ou par un effet du hasard ; la statue d’Apollon, objet de leur vénération particulière, enlevée du fronton du palais, fut retrouvée sur un lit, sans que personne l’y eût déposée. Voici du moins ce que rapportent plusieurs historiens. Mais revenons à Probus et aux faits éclatants de son règne.

V. Et puisque j’ai promis de donner quelques lettres qui témoigneraient de la joie du sénat à l’avènement de Tacite, je vais terminer par ces citations la biographie de ce prince.

Lettres officielles : « Le sénat amplissime à la curie de Carthage, salut. — Le droit de conférer l’empire, de désigner le chef de l’État, de nommer l’empereur, est revenu au sénat ; ce droit précieux doit contribuer au bonheur, à la gloire, à la perpétuité, au salut de l’empire et du monde. C’est donc à nous que vous en référerez pour toutes les affaires importantes. C’est au préfet de Rome que ressortiront désormais tous les appels, ceux, du moins, qui émaneront des proconsuls et des tribunaux ordinaires. Voyons en cela, pour vous aussi, un retour à votre ancienne dignité : car en recouvrant son antique suprématie, le sénat garantit les droits de chacun. »