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ramne, où furent érigé leurs cénotaphes, dans une terre qui leur appartenait. Ces deux statues, hautes de trente pieds, furent renversées par la foudre, et leurs fragments mutilés furent dispersés sur le sol. Vers le même temps, les aruspices annoncèrent que de leur famille il naîtrait un jour, soit par les femmes, soit par les hommes, un empereur romain, qui donnerait des lois aux Parthes et aux Perses, asservirait les Franks et les Alemans, ne laisserait pas dans toute l’Afrique un seul barbare, imposerait un chef aux habitants de Taprobane, et enverrait un proconsul dans une île romaine ; qui commanderait à toute la Sarmatie, subjuguerait tous les pays qu’entoure l’océan, et, après se les être appropriés par la victoire, finirait par rendre l’empire au sénat, rappellerait l’antique constitution, et ne mourrait qu’à l’âge de cent vingt ans, sans héritier. Mais cet homme ne devait naître, disaient-ils, qu’au bout de mille ans, à compter du jour où les statues avaient été renversées et brisées par la foudre. Or, les aruspices ne se compromettaient guère par cette flatterie, qui ajournait à dix siècles la venue d’un tel empereur. S’ils avaient dit que ce serait pour dans cent ans, on pourrait les convaincre de mensonge, en supposant même que de pareils contes puissent vivre cent ans. J’ai cru pourtant devoir les mentionner ici, pour que le lecteur ne m’accusât point de les avoir ignorés.

III. C’est à peine si, dans l’espace de six mois, Tacite fit quelques largesses au peuple romain. Son image fut placée dans le palais des Quintilius, et le même tableau le représentait de cinq manières différentes : en toge, en chlamyde, sous les armes, en manteau, et en costume de chasse. Cette singularité donna lieu à l’épigramme